PHOTOCLUBBING#18
JANVIER 2026
mois palaisien de la photo depuis 2007
ORADOUR, Le sens des ruines Floriane Duong & Rudolf Rosch
Du 6 au 31 janvier 2026 MJC de Palaiseau, Parc de l’Hôtel de Ville, Palaiseau,
ouverte du lundi au vendredi de 10h à 22h, le samedi de 10h à 18h, fermée le dimanche Entrée libre
Vernissage samedi 10 janvier 2026 à 19h à la MJC
Il y a 80 ans, Oradour-sur-Glane était anéantie. Des 643 personnes assassinées méthodiquement par les Waffen-SS et de l’endroit où elles vécurent, ne restent que des ruines. Et un travail de mémoire dont chacun est dépositaire.Ce lieu et ce moment, sanctuarisés et offerts aux visiteurs, dérangent et interrogent. Avons-nous honoré la mémoire des victimes ? Avons-nous su conjurer les répliques de l’histoire ? Que nous disent-ils de notre époque ?
SOUS LE REGARDS DES ENFANTS Rudolf Rosch
Adepte de l’errance photographique, Rudolf Rosch s’est porté dans les rues du village en posant un regard introspectif sur les enfants. En les confrontant au chaos des ruines, il leur rend hommage et questionne le futur. A ceux d’hier, exécutés sans distinction, en transmettant leur mémoire, en faisant connaître leur histoire. A ceux d’aujourd’hui aussi en projetant sur eux une lourde responsabilité, celle d’être un relais de la mémoire. Leurs questions viennent en écho à nos interrogations : «Pourquoi...?».
La pratique photographique de Rudolf Rosch, initialement introspective, puise ses racines dans le voyage et l’errance. Elle s’est longtemps nourrie de l’acte photographique comme une quête intérieure, un souffle créatif puisé en soi. L’argentique par sa simplicité et ses exigences, incarne cette quête de dépouillement et de réceptivité face à l’environnement. Au fil du temps, cette approche a évolué, cherchant un équilibre entre documentaire et intimisme. Son travail actuel questionne la place de l’humain dans le paysage, sa fragilité et sa complexité. Il s’efforce de saisir, avec sensibilité et lucidité, l’individualité humaine au sein de vastes espaces parfois indifférents, tout en laissant une empreinte artistique et personnelle. Membre du collectif d’artistes Helium depuis 2018, je participe chaque année à des expositions en Vallée de Chevreuse et à des festivals tels que Photoclubbing, affirmant une pratique où se mêlent rigueur documentaire et profondeur créative. Il est membre du Photo-Club de la MJC de Palaiseau.
AU GRAND JOUR Floriane Duong
En montrant Oradour au crépuscule, Floriane Duong suggère la menace de l’oubli et de la banalisation. Elle porte un regard critique sur ce que notre époque a fait du projet initial de conservation des ruines, qui visait à prévenir les résurgences tragiques de l’Histoire. En dépit d’efforts institutionnels et associatifs remarquables, le constat s’impose : les héritiers politiques de ce crime prospèrent, le fascisme se redéploie. Et éclipse peu à peu la frêle mémoire de ses victimes. La nuit qui vient sur Oradour est métaphorique de ce constat. Le titre vient en référence à la mention « Nuit et brouillard » visant les personnes déportées parce qu’opposées au régime nazi.
Floriane Duong pratique la photographie depuis l’enfance; d’abord attachée au portrait, elle s’intéresse aujourd’hui à des sujets plus politiques. Elle pense que la force de la photographie tient à sa faiblesses : une image est limitée, elle ne dit jamais tout d’un sujet. Elle l’effleure, et ce faisant, elle invite nécessairement à la réflexion. Elle s’efforce de fabriquer des images simples, à même de favoriser le doute, la curiosité et ouvrir à la complexité. Aussi bien, la photographie est par nature une façon de résister. À la fuite du temps en premier lieu, mais encore, par son pouvoir d’exposer, de montrer des fragments du réel, elle peut mettre au jour ce que d’aucuns tentent de masquer. La photographie est une arme discrète et têtue, en particulier à l’heure de la post-vérité. Floriane a beaucoup de monstres à mettre en lumière. Elle est membre du Photo-Club de la MJC de Palaiseau
Montrer, regarder les ruines d’Oradour permet de prendre conscience de l’horreur subie par toutes les victimes des villages massacrés par les soldats du régime nazi, et d’honorer leur mémoire. À travers toute l’Europe, des centaines de fois pendant la Seconde Guerre mondiale, ces atrocités se sont répétées. Évoquer Oradour, c’est aussi réfléchir sur notre présent. En rappelant inlassablement les crimes commis au nom d’idéaux haineux, chacune, chacun est invité à s’interroger sur son rôle de citoyen et sur sa responsabilité politique. Maintenir le lien entre Oradour et nous, c’est cultiver la fraternité, c’est résister à la barbarie.