MJC DE PALAISEAU
du 4 au 30 janvier 2022
L'importemps sait maintenant
Léa Gauthier
Je m’appelle Léa Gauthier, née en 1988 et éducatrice spécialisée de formation. Après avoir travaillé trois ans dans un village d’enfants et d’adolescents placés par l’Aide Sociale à l’Enfance, j’ai décidé de faire de moi la priorité de ma vie et de penser notre organisation sociétale autrement. Même avec un métier passionnant et enrichissant, je ne trouvais pas ma place dans ce monde du travail. Parallèlement, j’ai participé à créer T’HandiQuoi une association ayant pour mission de mettre en place des colocations pour adultes en situation de handicap. Après avoir quitté mon travail, j’ai pris un an pour m’occuper de l’association et organiser mon absence. Je suis ensuite partie en Afrique. Elle m’a toujours appelée. Mon père, Bertrand, y est né. Petite, il me parlait d’Abidjan, de Douala, de la joie de cueillir et manger des mangues dans les arbres. J’en ai rêvé. Je me souviens aussi des reportages à la télé et de ma fascination pour ces femmes portant l’eau sur la tête et les enfants au dos. Sa musique et ses rythmes de ce continent m’enivrent et font bouger mon corps. Ces enfants, ces femmes, ces hommes, je les trouve remarquablement beaux, depuis toujours. Oui, je crois bien que j’étais destinée à fouler ce sol et à en découvrir ses mystères. Mon père, en plus, est un photographe amateur passionné. En décembre 2018, au Sénégal, il me demande de lui faire un cadeau : prendre en portrait tous les gens que je rencontre. Il a été mon excuse pour garder en souvenir le visage de tous ces gens qui m’ont hébergée, nourrie ou que j’ai seulement croisés dans la rue. Mais, à mon retour, triste résultat : les photos sont floues et mal exposées. Il me propose alors de les tirer avec un procédé ancien, le procédé Van Dyke et leur donne une seconde vie. Pendant que mon père découvre le procédé et retravaille les photos, je reprends mes écrits de voyage pour en faire un livre. Les deux projets vont donc se rejoindre dans un ouvrage commun en cours de réalisation. L’ouvrage et les photos qui le composeront retracent mon voyage. Le Cameroun en mai 2018, la France de juin à août 2018 puis le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire de septembre 2018 à mai 2019.
Pour ce voyage, je n’avais rien prévu, j’avais pour seule ligne directrice celle de rencontrer les gens. Je suis donc partie à pieds, avec mon sac, à la rencontre de celles et ceux que j’avais à rencontrer. Bien souvent, je me baladais dans la rue et quelqu’un m’arrêtait :
- Tu cherches quoi la blanche ?
- Un endroit pour dormir
- Alors, viens à la maison !
Voilà, c’est comme ça que les Africains m’ont ouvert leurs portes et que j’ai pu prendre la majeure partie de ces clichés. D’autres, sont le souvenir de rencontres fortuites, autour d’un thé dans la rue, d’une discussion ou d’un échange ponctuel. Je remercie vivement toutes ces personnes qui m’ont permis de les photographier. Souvent avec joie. Les gens aiment bien poser !